Alumni STORIES – VOL.1 | françois mattens

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“Étudiant, déjà, je n’entrais dans aucune case. Même si je dois parfois m’en justifier, je trouve que c’est très gratifiant: cela prouve que d’autres voies sont possibles. “

Alumni |HEIP
Programme | Master relations internationales
Obtention | 2009
Ville de résidence | Paris


Ce qui te faisait avancer étudiant, et encore aujourdhui ?

Pas de mettre une cravate et de prendre le RER ! J’ai toujours considéré ma carrière comme un moyen, et non comme une finalité, donc c’est surtout pour moi la volonté de changer le monde, ou au moins de contribuer à le faire évoluer. Mais aussi le fait de pouvoir me rendre utile par de bonnes actions quotidiennes : mes étudiants sont toujours étonnés quand je leur dis que le levier le plus puissant du leadership, c’est la bienveillance !


Qu’il traverse la Route 66 en Harley ou scrute les voûtes célestes de la Zone 51 à la recherche d’aéronefs, qu’il se terre quarante jours dans une grotte pour une expérience scientifique ou tamponne son passeport de visas surprenants de visu, François se plaît chaque fois à « secouer le cocotier de l’écosystème et de ses préconçus » : « Étudiant, déjà, je n’entrais dans aucune case. Même si je dois parfois m’en justifier, je trouve que c’est très gratifiant : cela prouve que d’autres voies sont possibles. Aujourd’hui encore, il faut laisser sa place aux nouvelles générations ; de toute façon, elles n’hésiteront pas à la prendre. » Aussi prolifique que soit sa vie, cet ancien élève d’HEIP en relations internationales a su faire de cette « succession de malentendus plus ou moins provoqués » sa force principale, quitte à déboussoler certains de ses proches  –  « généralement, ils ne comprennent pas trop ce que je fais. » Mais au-delà de ses différents avatars qui jalonnèrent son existence, certains canons demeurent pour cet expert des sujets de sécurité et défense. Au syndicat de l’armement GICAT pendant presque une décennie, ou au sein de la future licorne de l’intelligence artificielle XXII, qu’il a fraîchement intégrée en tant que directeur des affaires publiques et des partenariats stratégiques, François tient avant tout son rôle de facilitateur, de « courroie de transmission »  –  « le matin je rencontre des personnes qui ont des problèmes, l’après-midi d’autres qui ont des solutions, et le soir, je tisse des relations entre les deux ! En somme, je crée des liens là où on ne les attend pas. » De ses débuts dans un cabinet ministériel aux grandes compagnies d’assurance, en passant par le Sénat, François fructifia un carnet d’adresses entretenu de longue date, où les icônes du sport français côtoient les dignitaires religieux, les politiques, de même que les diplomates.

Issu d’une famille pour qui « la chose militaire » demeurait vague, depuis son époque geek à enchaîner les frags sur Counter-Strike, François lui témoignait pourtant déjà une fascination magnétique  –  « pouvoir accéder à cet univers stratégique, très restreint, confidentiel, et qui impacte vraiment la face du monde, était pour moi très stimulant. » Son rêve de pilote de chasse fauché en plein vol à maths sup  –  « j’étais tout simplement nul » –, il ne se débina pas pour autant, et à Paris, intégra HEIP tambour battant. Là, l’étudiant « hyperactif, mais fainéant » y apprécia tant le multiculturalisme ambiant que les discours sans fard dispensés par un corps professoral composé de grands commis de l’État. Particulièrement reconnaissant envers cette école qui l’aura marqué de son empreinte et « ouvert sur le monde », François put y satisfaire son insatiable curiosité  –  « j’y ai appris beaucoup plus là-bas que nulle part ailleurs, je me suis intéressé à tout, et puis, ce cursus était aussi une excuse pour voyager ! » Considérant l’enseignement comme une vocation, l’ancien président du BDE y multiplie depuis les conférences et les interventions, distillant sa pédagogie singulière, qu’il promeut fièrement au-delà des frontières. Parce qu’il entend justement « rendre diplômante l’intelligence situationnelle », François se montre décidément enthousiaste à l’idée de rompre avec les codes et les castes : « En guise d’examen final, je désigne à mes étudiants une personnalité qui leur semble de prime abord inaccessible, et ils ont trois mois pour prendre un café avec elle. Généralement, la moitié y parvient, et me remercie, car cet exercice leur a permis de dépasser l’autocensure et leur démontre qu’en adoptant un certain état d’esprit, toutes les limites se repoussent. »

N’ayant jamais rechigné à l’effort en parallèle de ses études, tour à tour vendeur chez Decathlon, vendangeur ou professeur de kayak, François n’hésite pas à renvoyer l’ascenseur quand un étudiant d’HEIP le sollicite  –  « un coup de fil d’une demi-heure peut parfois changer la vie de quelqu’un… Je me souviens avoir présenté un étudiant au porte-parole du Quai d’Orsay pour un stage, ensuite, c’est bien son talent qui a fait la différence ! Aujourd’hui, il a un superbe poste, preuve que dans la vie, on est ce qu’on veut devenir. » Puisqu’il a monté de toute pièce un accélérateur de start-ups spécialisé dans la défense  –  « personne n’y croyait, et maintenant il cartonne » –, le réserviste, revendiquant son « impertinence constructive », assume ses petites excentricités  : « Malgré les moqueries, ce sont bien les fous, au sens sociologique du terme, qui font avancer le monde ! » Aux étiquettes si promptement épinglées, sans se soucier du qu’en-dira-t-on, l’énarque, le membre du Conseil d’administration des explorateurs français, intronisé par ailleurs grand prêtre au Nevada et Lord écossais, optera toujours pour sa panoplie de casquettes  –  bien plus ajustées.

Portrait écrit © Maison Trafalgar | Dessin aquarelle © Maison Trafalgar & Camille Romanetto 

Mis à jour le 17 octobre 2022