Alumni Spirit | Des superyachts aux uniformes extraordinaires

Accueil » Toutes nos actualités » Alumni Spirit | Des superyachts aux uniformes extraordinaires
19-10_2023

portrait

Comme la plupart des écoliers à travers le monde, Matthew Benjamin, né à Londres, a porté un uniforme chaque jour de la semaine, de ses 5 à ses 16 ans. Aujourd’hui, en tant que fondateur et CEO de Kapes (à prononcer comme l’accessoire essentiel à la panoplie d’un super-héros), il crée des uniformes durables et sensibilise les enfants qui les portent aux défis du changement climatique.

Un vendeur ambitieux

La première question qui a traversé l’esprit de Matthew avant de commencer ses études supérieures a été : “Quelle est la chose la plus chère que je pourrais vendre ?” Avec le temps, ses préoccupations ont évolué. Aujourd’hui, il se demande plutôt : “Comment faire en sorte d’avoir un impact positif ?”.

Né à Londres en 1986, Matthew passe son enfance et son adolescence dans un quartier du sud-ouest de la capitale anglaise. Comme beaucoup de garçons, il aime les cours d’éducation physique, mais l’avenir dira que c’est dans un autre genre de sport qu’il excellera : la vente. A 16 ans, il y fait ses premiers pas, en proposant des cartouches d’imprimante par téléphone lors de l’été 2002 : 

« C’était un travail difficile, mais il m’a habitué à entendre le mot non et à ne pas me laisser décourager. Depuis, tous les postes que j’ai occupés étaient en face-à-face”, précise-t-il.

En 2005, il part à Southampton pour étudier à la Solent University et obtient un bachelor en publicité. Son père l’encourage fortement à poursuivre ses études, alors après avoir lu un article sur l’Université Internationale de Monaco (IUM), il décide d’abandonner la publicité au profit de la vente et s’envole pour la principauté où il décroche un MBA Luxury Management. Y avait-il meilleur endroit pour tout savoir sur la chose la plus chère qu’il pouvait vendre, à savoir les yachts ?

Matthew est diplômé en 2009, au lendemain de la crise financière. L’achat de yachts n’est alors plus une priorité pour qui que ce soit. Pourtant, de retour à Londres, il n’abandonne pas. Le jeune homme postule pour un emploi de vendeur chez Superyachts.com, une plateforme de location et de vente de yachts.

« Ils voulaient quelqu’un avec plus d’expérience. Je leur ai dit : donnez-moi un mois, ne me payez pas et on voit ce qui se passe. Ils ont accepté, et après un mois, j’étais le meilleur vendeur de l’entreprise”, se souvient-il.

Couture durable

Quand on est jeune et ambitieux, on est constamment à la recherche de nouveaux défis. Matthew quitte le monde des yachts au bout d’un an, car il souhaite rejoindre une grande entreprise avec un cadre plus structuré. Il est alors approché par un recruteur de Tom James, le plus grand fabricant et détaillant de vêtements sur mesure au monde. Il propose rapidement à ses supérieurs d’ouvrir un nouveau marché aux Émirats arabes unis, devient leader des ventes en un an, et après deux ans et demi, il a le feu vert pour créer et diriger un bureau à Dubaï.

Matthew s’envole pour Dubaï par ses propres moyens, recherche un bureau et du mobilier, recrute et forme une équipe afin d’ouvrir la première succursale Tom James de la région. Il parvient à pousser le chiffre d’affaires à 1 million de dollars : 

“Dubaï me semblait un choix évident, car les cibles avaient le même profil que les clients de Londres : des hommes pressés occupant des postes de direction”, constate-t-il.

Après avoir travaillé près de trois ans pour Tom James à Dubaï, Matthew devient consultant pour Links Group, une entreprise qui aide les entreprises à s’implanter au Moyen-Orient. Puis, poussé par son envie d’entreprendre, il lance sa propre marque de confection sur mesure axée sur le développement durable : Benjamin Siggers.

A l’instar de Tom James, Benjamin Siggers offre à ses clients le luxe de pouvoir choisir leurs tenues depuis le confort de chez eux ou de leur bureau. Au cœur de sa marque, l’utilisation de matériaux naturels et durables, avec une attention particulière portée à l’artisanat et à la transparence.

L’énorme impact des uniformes

Au cours de ses années de travail dans le secteur de la mode, Matthew réalise à quel point cette industrie a des répercussions sur l’environnement. La notion de durabilité devient pour lui une obsession.

“Lorsque vous travaillez dans le secteur du textile, même si vous faites tout ce que vous pouvez pour être durable, vous ne touchez qu’un très petit pourcentage de la population”, regrette-t-il.
Bien que cela soit souvent ignoré, les uniformes scolaires ont un impact environnemental énorme. En Europe, le Royaume-Uni est l’un des seuls pays où on porte des uniformes à l’école. Dans le reste du monde, ils sont portés par des enfants en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et en Australie.

Created with RNI Films app. Profile ‘Agfa Scala 200’


Or, les enfants grandissent… vite. Toutes les problématiques liées à l’industrie textile sont donc exacerbées. Les uniformes, confectionnés à partir de matériaux comme le polyester, ont une incidence sur la planète. Dans de nombreux cas, les personnes qui les fabriquent ne sont pas payées ou traitées correctement. En outre, les déchets et la quantité de vêtements qui finissent à la décharge est énorme.

Alors, en 2020, Matthew change son fusil d’épaule durant la pandémie pour fonder Kapes. L’entreprise travaille sur un modèle de partenariat exclusif avec les écoles. De cette façon, la quantité de déchets lors de la production est minimisée, car le nombre d’uniformes est fabriqué en fonction des besoins de l’école. Actuellement, Kapes touche de grandes écoles internationales du Moyen-Orient, mais Matthew espère étendre bientôt son portefeuille à Hong Kong, Singapour, Sydney et Melbourne et a déjà reçu des demandes à New York et Los Angeles.

Donner une chance aux enfants de faire attention

“Jusqu’à présent, nous ne nous sommes jamais vraiment souciés de nos uniformes. Ce sont simplement des vêtements que les enfants portent tous les jours. Les établissements réfléchissent à l’apparence et à l’image qu’ils renvoient, mais ne pensent pas à la matière ou à la manière dont ils sont fabriqués, ni en quoi ils peuvent véhiculer des valeurs”, explique-t-il.

Matthew a pour objectif de changer le regard que l’on porte sur les uniformes scolaires. Ce que la plupart des écoliers du monde portent au quotidien, durant des années, peut être un excellent outil pour leur enseigner la durabilité, les questions sociales, etc. 

« Nous voulons développer une appropriation consciente chez les enfants», souligne-t-il.

C’est la raison pour laquelle, pour chaque élève qui porte une tenue Kapes, un uniforme est envoyé à un enfant qui n’a pas les moyens de s’en offrir un au Kenya. En effet, le Kenya fait partie des pays où les élèves ne sont pas autorisés à aller à l’école sans uniforme.

« Avoir un impact sur la vie de quelqu’un, de manière modeste mais significative, est tellement gratifiant. Les enfants qui en ont bénéficié au Kenya sont déjà extrêmement reconnaissants du peu qu’ils ont, mais nos uniformes leur donnent plus de confiance et un sentiment d’appartenance”, raconte-t-il

Le pouvoir de la communauté

Kapes ne se contente pas de fabriquer des uniformes durables, mais vise à « tisser des communautés » en créant des opportunités et en promouvant le commerce équitable. Car la notion de communauté est un sujet important pour Matthew, notamment depuis ses années d’étudiant.

“L’une des choses que j’ai le plus apprécié lors mon année à l’IUM, c’est que Monaco est un petit pays. Il y a un vrai sentiment de communauté. Deux camarades diplômés de l’IUM ont investi dans Kapes, tandis qu’un autre m’a aidé à trouver la première école au Kenya à laquelle nous avons fourni des uniformes gratuitement”, confie-t-il.

Pour Matthew, la communauté est l’essence même de l’apprentissage : “C’est vrai partout. Quand on regarde les énormes différences entre les écoliers de Dubaï (où les écoles disposent d’installations incroyables) et du Kenya (où ils n’ont pratiquement rien), tout se résume à ce sentiment de communauté”, constate-t-il.

Nous voulons que les enfants se sentent connectés à ce qu’ils portent. Les uniformes peuvent être un outil clé pour en apprendre davantage sur la durabilité.

Matthew BENJAMIN

Alumnus IUM

Mis à jour le 28 mai 2024