portrait
Murielle Marveaux, diplômée en droit international public et relations internationales de l’École des Hautes Études Internationales de Paris (HEIP), occupe actuellement le poste de Directrice de la conformité chez Generali France. À ce titre, elle coordonne l’ensemble du dispositif anti-fraude et lutte contre le blanchiment de capitaux ainsi que le financement du terrorisme.
La révélation HEIP
Après son baccalauréat, Murielle a fait deux ans d’études en sociologie à l’université Paris V. En sortant du lycée, elle n’était pas encore certaine de l’école qu’elle souhaitait faire. Plutôt que de faire une césure pour réfléchir, elle s’inscrit donc à l’université. Ensuite, la jeune femme rejoint HEIP :
« J’avais la volonté de poursuivre des études avec une dimension internationale, étant passionnée de géopolitique. Je lisais déjà Courrier international à l’époque. Et puis, les enseignants étaient des professionnels, véritablement compétents dans leur domaine », précise-t-elle.
Malgré la nécessité de travailler en parallèle pour financer ses études, Murielle garde un excellent souvenir de son passage dans cette école. Elle évoque notamment avec enthousiasme l’examen de diplomatie, où le professeur avait créé deux délégations, afin que les étudiants planchent sur une négociation. Cette dernière portait sur des sujets cruciaux d’un point de vue international, et exigeait la capacité de convaincre.
« Travailler dans la conformité, c’est comme mener des négociations, il faut absolument convaincre. Le juriste élabore la loi, notre rôle est de la faire appliquer par les lignes métiers au sein des Business », note-t-elle.
Elle conserve précieusement tous ses cours d’HEIP, et ne garde finalement qu’un seul regret : la cérémonie de remise des diplômes.
« J’y ai assisté cette année, c’était incroyable ! Je n’ai pas eu la même chose à mon époque ! », plaisante-t-elle.
Au cœur de la conformité
Murielle commence sa carrière en 2006 au sein de la banque de financement et d’investissement de la Société Générale en tant que responsable KYC/AML (Know your customer/Anti money laundering) dans le domaine de la lutte contre le blanchiment. D’abord recrutée en intérim, elle évolue rapidement vers des postes à responsabilité.
« C’était un nouveau métier. J’ai débuté au moment où la conformité naissait. Mon rôle consistait à régulariser les dossiers clients. À une époque, on pouvait ouvrir un compte bancaire avec une simple carte de visite ! », constate-t-elle.
C’est également à la Société Générale qu’elle rencontre Charles Blandignères, alors chef du service lutte anti blanchiment, et qui deviendra l’un de ses mentors :
« Un ancien flic. Il m’a enseigné les fondamentaux, et à défendre mes convictions. Quand on sent que l’opération est risquée, on ne tergiverse pas », explique-t-elle.
En 2015, la jeune femme rejoint Axa Gestionnaires d’investissement en tant que responsable conformité criminalité financière, avant de rentrer chez Leonteq, une société suisse spécialisée dans les produits financiers structurés et les produits d’assurance dans le secteur de la finance et de la technologie. Elle y est nommée directrice de la conformité, du contrôle permanent et du contrôle interne.
Puis, en 2008, Murielle intègre Aviva France au poste de directrice de la sécurité financière, afin de lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT), et est nommée directrice la conformité.
Savoir anticiper les risques
Après bientôt 18 ans dans le domaine de la conformité, Murielle est passionnée par son métier. Elle apprécie particulièrement les échanges pour coordonner les diverses réglementations.
« C’est intéressant d’être dans un établissement à dimension internationale. Venant d’HEIP, j’ai les leviers et les outils pour dialoguer avec les autorités locales et étrangères. La diplomatie acquise au sein de l’école me sert encore aujourd’hui », affirme-t-elle.
En tant que directrice de la conformité chez Generali, sa mission consiste à assurer que les lois et réglementations du secteur financier sont respectées. Elle coordonne l’ensemble du dispositif anti-fraude et pilote la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
À ces responsabilités s’ajoute la réglementation au sens large, englobant des sujets comme la durabilité, les produits verts favorisant la décarbonisation, les problématiques RGPD, etc.
Et enfin, Murielle doit évaluer le risque opérationnel, c’est-à-dire les erreurs techniques ou humaines. Elle doit anticiper les coûts potentiels, notamment dans le cas où une opération serait passée et mettrait l’entreprise en risque.
En outre, dans le cas de clients sous mesures de gel des avoirs, ou dans le cadre d’opérations suspectes de blanchiment d’argent, une fois détectées, ces opérations doivent être déclarées à la Direction générale du Trésor ou à Tracfin.
« En cas de défaillance, c’est du risque pénal, cela peut donc coûter cher. Nous sommes constamment en alerte, sous pression, afin de ne rien laisser passer », déclare-t-elle.
La quête de l’équilibre
Pour se libérer de la pression, Murielle aime passer du temps avec ses enfants, jouer de la guitare, lire, mais surtout écrire. Sa première expérience dans un cabinet d’avocats a probablement contribué à structurer ses écrits.
« Avec des amis, nous travaillons sur un roman à quatre mains. Nous en sommes à notre deuxième projet, un roman épistolaire où chacun de nous incarne un personnage », confie-t-elle.
Toujours souriante et de très bonne humeur, celle qui voit le côté positif des choses parvient à alléger la pression de ses collaborateurs :
« Je suis orientée solutions, je ne viens pas uniquement avec des problèmes. Mon objectif est d’identifier des talents, de faire émerger le meilleur de chacun et de faire progresser mes équipes », souligne-t-elle.
Car, selon elle, lorsque l’on recrute quelqu’un, on embauche des compétences mais aussi une personnalité, qui va évoluer au sein d’un groupe.
En outre, pour maintenir un niveau de performance élevé, elle croit en la formation continue :
« De nouveaux défis se présentent, la digitalisation et l’IA. Je me forme aux outils qui vont permettre de monter dans le train de l’IA. Dès que je me sens en difficulté dans un domaine, je vais chercher la formation qui correspond », partage-t-elle.
Ses conseils
Murielle évolue dans un domaine relativement récent, mais très recherché aujourd’hui. Ce secteur est en constante évolution, le marché est sous tension, et les établissements peinent à trouver des individus bien formés.
« D’un côté nous avons un régulateur de plus en plus exigeant, et de l’autre, des établissements financiers qui ont du mal à recruter des compliance officer », révèle-t-elle.
Elle est convaincue qu’HEIP permet d’ouvrir de nombreuses portes, car les jeunes diplômés possèdent une polyvalence et une agilité remarquables.
Murielle est d’ailleurs reconnaissante pour la formation qu’elle a reçue et la qualité des professeurs qui l’ont encadrée :
« Vous hésitez à vous inscrire à HEIP ? Foncez ! Dans le monde de la finance, on regarde le CV d’un étudiant qui vient d’HEIP. Ce qui distingue cette école d’une autre, c’est la présence d’enseignants professionnels de leur matière. Ce ne sont pas des théoriciens, il y a un aspect opérationnel des sujets abordés ».
« Vous hésitez à vous inscrire à HEIP ? Foncez ! Dans le monde de la finance, on regarde le CV d’un étudiant qui vient d’HEIP. Ce qui distingue cette école d’une autre, c’est la présence d’enseignants professionnels de leur matière. Ce ne sont pas des théoriciens, il y a un aspect opérationnel des sujets abordés ».
Murielle MARVEAUX
Alumna HEIP